Tant qu’il y aura des films

Éric Neuhoff est écrivain et critique cinéma au Figaro et au Masque et la Plume. À la mélancolie chronique des néo-hussards dont il fut l’un des chefs de file, il ajoute la nostalgie d’un cinéphile toujours pas revenu des grands films des années 1970. Humeurs qui transpirent des trois livres signés ces derniers mois par cet enfant de Cahors et Toulouse : réédition de Les Hanches de Laetitia, parution de Rentrée littéraire, et sortie chez Privat du Petit éloge amoureux des cinémas. (Paru dans RamDam)

📸 Romain Gaillard

Vous écrivez dans la préface ne pas avoir pas relu Les Hanches de Laetitia avant sa réédition. De quoi aviez-vous peur ? 

De trouver ça nul et d’être déçu, ou de trouver ça mieux que ce que j’écris depuis. Pire, d’être tenté de corriger. Mon éditrice m’a parlé de passages qui pourraient choquer aujourd’hui. On ne va quand même pas faire des éditions successives des romans on fonction de l’humeur de l’époque. Mieux vaut laisser ça dans son jus et accepter de ne pas être le même à 60 ans qu’à 30. 

Vous n’êtes pas le seul à avoir changé. Vous semblez d’ailleurs peiné que Toulouse ne soit plus la même que celle des années 1970 qui sert de décor du roman.

Tout est dans cette phrase de Gracq : « La forme d’une ville change plus vite que le cœur d’un mortel ». Je regrette que la province finisse par ressembler à Paris. Qu’on trouve partout les mêmes rues piétonnes, les mêmes boutiques. Cela nourrit ma nostalgie. 

La nostalgie est partout dans vos livres cette année. Dans le Toulouse des Hanches de Laetitia, dans les salles de L’éloge amoureux des cinémas, dans le Paris de Rentrée Littéraire… 

Un roman se pense toujours à l’imparfait. On écrit ce qu’on regrette, ce qu’on a perdu. Quand j’étais en hypokhâgne à Fermat, j’étais déjà nostalgique de ce que je n’avais pas connu. Je rêvais du Paris de Feu follet de Louis Malle, quand le boulevard Saint-Germain était à double-sens. Je crois qu’à peine né, j’étais déjà nostalgique du ventre de ma mère. Lire la suite

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