Livre arbitre

En roulant à la rencontre des fondateurs de Tristram, on imaginait raconter l’histoire de cet éditeur auscitain qui a conquis en 30 ans et 150 livres le cœur de la critique et de l’édition françaises, pourtant impitoyables avec tout ce qui se publie hors de Saint-Germain- des-Prés. Mais sur le chemin du retour, grisés par les propos échangés en marge de l’entretien par Sylvie Martigny et Jean-Hugues Gailliot, nous avons choisi de publier la conversation périphérique en question, simplement parce qu’elle donne envie de lire des livres et de vivre libre. Si vous souhaitez découvrir l’histoire épique de Tristram, lisez donc sur le web le papier du Monde daté du 15 septembre (de toutes façons, on n’aurait pas fait mieux). Sinon, voyez ci-dessous. (Paru dans Boudu)

📸 Matthieu Sartre

Vous souvenez-vous du temps où vous ne saviez pas lire ?

Jean-Hugues Gailliot : Je ne me rappelle pas d’une époque où je n’aie pas lu. Très vite dans ma vie, j’ai trouvé que le monde réel présentait des défauts. Qu’il existait trop d’entraves, trop de verrous, et que cela engendrait énormément de frustration. Or, la littérature est un monde libre dans lequel on circule de façon fluide, rapide, amusante. Elle soumet à des intensités de très fort voltage, et soustrait à la fadeur et à l’ennui.

Sylvie Martigny : C’est comme si j’avais toujours lu, et relu. Enfant, des livres comme L’île mystérieuse ou L’île au trésor me transportaient. J’adorais Jules Verne. L’intelligence phénoménale de ses récits faisait battre mon cœur. Les mythes grecs me passionnaient aussi, preuve que le cerveau humain n’a pas évolué tant que ça, et que les vieux mythes universels fonctionnent sur l’imaginaire des enfants de toutes les époques. Je suis ensuite venue aux classiques. Balzac, Zola, Kafka, Poe. Des auteurs qui façonnent l’intellect par le plaisir qu’ils procurent. L’intellect est aussi un organe sensitif. Lire la suite

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