Encore un Martin
Les Anglais le badent. Les Ricains l’encensent. Le Lot l’adule et Bordeaux l’estime. Les collectionneurs se l’arrachent à des prix hors de portée des musées de notre région. Et nous, Toulousains, passons devant ses toiles sans même les voir. Il est donc urgent de redécouvrir le Toulousain Henri Martin à la triple faveur de l’expo temporaire du musée de Lodève, de la réouverture annoncée du musée de Cahors, et du regard neuf posé par le monde de l’art sur ses premières toiles, dans lesquelles, derrière le Martin académique, le Martin pointilliste ou le Martin coloré des vieux jours, se cache encore un Martin de jeunesse, symboliste, mélancolique et mystérieux.
Beauté - Henri Martin - Musée des Augustins (Toulouse) - Daniel Martin
Mais si ! Vous savez bien… Henri Martin. Celui qui a peint Les rêveurs qu’on voit au Capitole. Dans cette pièce en long qui mène salle des Illustres. Mais si ! Cette grande toile avec Jaurès et d’autres barbus à chapeau qui lambinent sur les marguerites des berges de Garonne, dans la lumière orangée du printemps toulousain.
Voilà, vous y êtes. Henri Martin. Celui devant les œuvres duquel nous passons sans les voir, par dédain, indifférence ou paresse, au Capitole comme au Salon rouge du musée des Augustins.
Ne vous en blâmez pas, on fait tous pareil. Et d’ailleurs, le directeur des Augustins, Axel Hémery, a une explication : « On se méfie de lui parce que sa peinture est facile d’accès. On y trouve tout de suite le meilleur. C’est une peinture du bonheur fugitif qui parle à tout le monde. De même, on se méfie de son statut de peintre de commandes. Et le public n’aime pas les peintres officiels. » Lire la suite