Show bouillant
Pour sa grande première dans les habits de directeur musical désigné de l’orchestre du Capitole le 28 septembre, Tarmo Peltokoski est sorti de la Halle aux Grains sous les vivats des huiles, des abonnés et des curieux. Le lendemain, les radios spécialisées parlaient d’« extraterrestre » et de « prodige ». Si le charme opère à ce point, c’est que le successeur de Tugan Sokhiev ajoute à son enthousiasme et à sa jeunesse (il a 24 ans), une maîtrise, une grâce, des mimiques, un sens de l’humour et du show qui électrisent l’orchestre et emballent le public. Qualités exhaussées par une étrangeté toute finlandaise, qui plane sur sa façon de diriger comme sur cet entretien. (Paru dans Boudu)
📸 Romain Alcaraz
Votre complicité avec l’orchestre a frappé le public de la Halle aux Grains en septembre. On aurait dit que vous ne faisiez qu’un. Faut-il y voir votre marque de fabrique ?
Je ne saurais pas le dire. Je veux simplement apprendre à connaître les musiciens au plus vite et m’en faire des amis. D’abord parce que j’ai envie de me sentir chez moi à Toulouse, ensuite parce que plus nous serons proches et meilleure sera notre musique.
Peut-on diriger un orchestre sans établir de complicité ? Certains y parviennent, mais ce n’est pas mon tempérament. La direction d’orchestre est aussi affaire d’autorité.
D’où tenez-vous la vôtre ?
De la musique. Mon travail consiste à bien la connaître, à savoir précisément ce que je veux en faire, à dire comment la jouer, et à espérer que les musiciens trouvent ma façon de voir les choses convaincante. La musique doit être la source et la justification de tout.
Le plaisir qu’on éprouve à diriger est-il comparable à celui qu’on ressent en jouant d’un instrument ?
Il est pour moi bien plus fort. C’est peut-être que j’ai moins de temps pour le piano et que je suis moins bon qu’avant ! Le plaisir de diriger est indescriptible. On a toute une gamme d’expressions et de couleurs à sa disposition, et l’émotion qu’on reçoit en retour est phénoménale. Avant le concert de septembre, pendant les répétitions de la Symphonie n°2 de Mahler (ma préférée), j’étais en permanence au bord des larmes. Et ça, assis à un piano quand c’est vous qui jouez, cela n’arrive jamais.
Est-ce pour cela que vous êtes devenu chef d’orchestre ? Pour diriger la symphonie que vous ne pouviez jouer au piano ?
Pas loin. Wagner est la raison pour laquelle j’ai voulu diriger. Je l’ai découvert à 11 ans en visionnant la fin de Siegfried sur YouTube. J’ai essayé de la jouer au piano mais ça n’allait pas. Pour que ça sonne riche, expressif, il fallait un orchestre ! Lire la suite