Rockcollection
Soirées revival au Bikini, sweats à messages sur le dos des lycéens, nuits Les enfants du rock au Connexion Live, intérêt des DJs locaux pour les pépites punk oubliées, ajout de la mention Dominique Baudis au fronton de l’aéroport de Blagnac, tournée Stars 80 en février au Casino Barrière… À Toulouse les années quatre-vingt édulcorent l’air du temps. Comme le Tang sucrait jadis l’eau du robinet. Pour profiter au mieux de ce parfum libre et doux, Boudu ouvre les archives et les guillemets pour une évocation feuilletonnée des années 1980 toulousaines. On commence ce mois-ci avec la légendaire scène underground locale, son étonnant archiviste Gill Dougherty, et la rumeur d’un projet municipal de sauvegarde de la mémoire rock toulousaine… (Paru dans Boudu)
Le groupe Classé X, en mode Iggy Pop
Il est né Pujol mais cela fait 40 ans qu’on l’appelle Dougherty. Un surnom glané au verso d’une pochette de disque de Louis Armstrong : « Un des musiciens portait ce nom. J’ai trouvé que ça sonnait bien. Plus tard, j’ai appris que c’était aussi celui du premier mari de Marylin Monroe, ce qui n’était pas pour me déplaire. »
C’était au lycée Fermat, au début des années 1980, un temps où n’existaient que deux catégories de lycéens : ceux qui jouaient dans un groupe de rock, et ceux qui frayaient dans leur sillage. Dougherty faisait partie de la première. De groupe en groupe, de cave en cave, de 1980 à 1990, il a contribué à forger la légende de la scène toulousaine de l’époque, brasier incandescent dans lequel se consumaient des centaines de jeunes gens exaltés.
D’abord comme membre des Lipstick, puis des Incorruptibles, avant d’enregistrer au studio toulousain Deltour le 45 tours Moi je doute, édité par le label parisien indépendant Réflexes. Le disque était alors le graal absolu. Et contrairement à la variété toulousaine qui enchaînait tube sur tube avec Gold, Images et Mader, les groupes rock et punk du coin peinaient à presser des vinyles.
Stérilité surprenante au regard de la richesse du terreau. Trente ans plus tard, le grand public se souvient surtout des Ablettes avec Tu verras et Jackie s’en fout. Les nostalgiques du punk et jeunes dénicheurs de pépites citent plutôt Dau Al Set, formation aux 4 albums studio qui tint longtemps la dragée haute à OTH, le groupe montpelliérain devenu l'étendard du punk français… Lire la suite